Vue du centre-ville de Calgary, en regardant vers l'ouest depuis l'escarpement de la rivière Elbow. D'ici, on peut constater l'ampleur des travaux de construction réalisés sur les plaines d'inondation des vallées des rivières Bow et Elbow.
Aucune inondation considérable n'est survenue à Calgary depuis 1932; c'est d'ailleurs pourquoi la plupart des habitants de la ville ne considèrent pas que les inondations représentent un grave danger. Cette accalmie et la beauté des paysages riverains de Calgary ont entraîné depuis 1932 une augmentation considérable des travaux de construction dans les vallées fluviales de Calgary.
En période de débit de pointe, la majeure partie des eaux de crue sont maîtrisées par des digues bâties sur les berges des rivières dans la ville, ainsi que par les barrages de la rivière Bow que l'on a construits en amont de la ville. Cependant, si une «crue centenaire» (crue qui a une chance sur cent de se produire au cours d'une année donnée) comme celle de 1897 se produisait aujourd'hui, le débit normal de la rivière Bow deviendrait 24 fois plus puissant, passant ainsi de 92,9 m3/s à 2 265 m3/s. En 1996, on estimait que la rivière pourrait alors causer des dégâts s'élevant à 131 millions de dollars.
Cette estimation des dommages repose sur une évaluation du débit de la rivière et de l'étendue des inondations qu'elle provoquerait. Puisque la construction de maisons ou d'autres obstacles anthropiques sur les berges de la rivière réduit la vitesse de l'écoulement, il y aura élévation du niveau et accroissement de la largeur de la rivière en crue. En raison de l'augmentation saisissante de la construction dans les vallées fluviales depuis 1932, les dommages causés par les inondations seraient accrus de manière exponentielle, si une autre crue centenaire se produisait aujourd'hui.
Arrêt 2 - Barrage Bearspaw
En 1954, on construisait le barrage Bearspaw, soit le premier de trois barrages sur la rivière Bow, à l'ouest de Calgary.
Dans les années 1950, des embâcles provoquaient fréquemment des inondations l'hiver, ce qui a entraîné la construction simultanée du barrage Bearspaw et de digues dans la partie centrale de Calgary. Les inondations provoquées par des embâcles peuvent survenir à tout moment pendant l'hiver, lorsque le chinook fond en partie la glace de surface, laquelle se brise ensuite en morceaux qui s'accumulent contre les culées des ponts enjambant la rivière. On maîtrise en grande partie ce type d'inondation (Alberta Environment, 1996) depuis que l'on a construit le barrage Bearspaw et des digues dans la partie centrale de Calgary. Cependant, il ne faut pas oublier qu'en raison de la faible capacité de ce barrage, d'autres inondations peuvent se produire l'hiver. Par exemple, en 1966, soit 11 ans après la construction du barrage, on a frôlé la catastrophe lorsque des digues destinées à protéger le quartier de Sunnyside n'arrivaient presque plus à contenir les eaux qui menaçaient d'inonder Calgary.
Arrêt 3 - Rivière Elbow et barrage Glenmore
Vue vers l'amont en direction du barrage Glenmore, qui domine la vallée de la rivière Elbow.
En 1932, par la construction du barrage Glenmore, on a, d'une part, assuré un approvisionnement en eau potable à la population croissante de Calgary et, d'autre part, protéger des eaux de crues les habitants des vallées fluviales. On rapporte qu'en 1932, peu de temps après la construction du barrage Glenmore, et même si le réservoir était encore vide, la crête du barrage a été submergée et l'eau a causé de graves inondations en aval.
La rivière Elbow vue vers l'aval depuis la crête du barrage Glenmore.
En suivant son cours sinueux à travers ce qui est maintenant Calgary, la rivière Elbow a sculpté d'abruptes falaises dans des sédiments meubles à grain fin que les glaciers et les lacs glaciaires ont mis en place il y a entre 10 000 et 25 000 ans, ainsi que le socle rocheux composé de grès datant du Tertiaire précoce sur lequel reposent les dépôts glaciaires. De nos jours, un grand nombre de ces falaises escarpées sont instables et représentent un danger pour les quartiers domiciliaires à proximité. À Calgary, sept des plus importants glissements de terrains ont été provoqués par l'activité humaine. Ces glissements se produisent principalement lorsque l'on arrose excessivement les pelouses qui entourent les demeures construites trop près du bord des falaises longeant la rivière.
Arrêt 4 : Barrage Ghost
Paysage que l'on voit à l'ouest, au-delà du barrage Ghost.
De nos jours, les environs du barrage Ghost constituent un espace de loisirs de plus en plus populaire auprès des plaisanciers et des pêcheurs de Calgary. Bien sûr, ce barrage fournit également une précieuse hydroélectricité dont la région a besoin. Bien des gens croient que les barrages de la rivière Bow, tel que les barrages Ghost et Seebe, maîtrisent de façon efficace les crues à Calgary. Cependant, ces barrages sont, d'une part, trop en amont pour retenir la plus grande partie des eaux du bassin hydrographique et, d'autre part, trop petits pour prévenir, par exemple, une crue centenaire engendrée par une très grande quantité d'eau de ruissellement printanière ou estivale. En outre, les réservoirs de ces barrages sont généralement pleins lorsque les risques d'inondations sont les plus élevés. Lors de l'inondation de 1932, le nouveau réservoir Glenmore a débordé et ce, même s'il était vide avant les crues.
Arrêt 5 : Rivière Kananaskis en aval du barrage Barrier
On peut faire du kayak dans le «Hollywood Hole», le long de la rivière Kananaskis.
Les rivières Kananaskis, Bow et Elbow jouent un rôle important dans l'industrie du tourisme et des loisirs de Calgary, car elles constituent un refuge naturel qui est situé tout près de la ville et qui suscite l'intérêt des meilleurs athlètes et pêcheurs au monde. Ces rivières sont fort appréciées par les Calgariens, qui ne sont cependant pas conscients en général de leur puissance destructrice.
Dans la région de Calgary, c'est le bassin hydrographique de la rivière Kananaskis qui est le plus régularisé par des barrages hydroélectriques.
Arrêt 6 : Chutes Elbow
C'est vers la fin de l'automne que la rivière Elbow est à son état le plus calme. Sur son cours, on retrouve les magnifiques chutes Elbow.
La rivière Elbow prend sa source près du sommet du col Highwood, qui domine le lac Elbow, dans le parc provincial Peter Lougheed. Elle s'écoule ensuite par des canyons de calcaire dans les Front Ranges et les Foothills, traversant la petite localité de Bragg Creek, avant de se jeter dans le réservoir Glenmore, à Calgary. La vallée de la rivière Elbow ne renferme qu'un petit nombre de glaciers; c'est pourquoi la rivière Elbow est principalement alimentée par les neiges hivernales. Le sol du bassin hydrographique de la rivière Elbow ne peut absorber autant d'eau que nombre de sols plus anciens. Par conséquent, des crues éclair sont plus susceptibles de survenir dans cette rivière lors d'orages violents.
Certaines des plus importantes inondations sont survenues dans les années 1920 et 1930, lorsque le débit normal de la rivière Elbow a plus que décuplé pour passer de 30 m3/s en moyenne à plus de 300 m3/s.
Arrêt 7 : Vallée de la rivière Bow
Vue panoramique de la magnifique vallée de la rivière Bow, près de Canmore.
La rivière Bow prend sa source dans le lac Bow, situé sur le sommet Bow, à 2 035 m d'altitude, où son bassin hydrographique capte les eaux de fonte du glacier Bow, qui s'écoulent le long du champs de glace Wapta. Puisque les eaux d'un grand nombre de glaciers et d'un important bassin hydrographique se jettent dans la rivière Bow, les Calgariens peuvent en tout temps compter sur cette rivière pour s'approvisionner en eau, sauf pendant les pires périodes de sécheresse.
Sauf dans les secteurs habités, les inondations de la rivière Bow sont bénéfiques pour bon nombre d'espèces animales et végétales, et même indispensables à la survie des habitats riverains. Des espèces végétales, telles que le peuplier baumier, ont besoin des inondations annuelles pour que germent chaque année de nouveaux plants et, dans un grand nombre de cas, la germination est des plus efficaces lorsqu'elle suit une crue centenaire, car les plants sont alors suffisamment éloignés de la rivière pour ne pas être emportés par les eaux chargées de glace en hiver, mais néanmoins capables de puiser dans les apports d'eaux souterraines à la rivière.