Le parcours du fleuve Saint-Laurent suit la trace de grandes cassures de l'écorce terrestre. Celles-ci se sont formées il y a environ 600 millions d'années lors de la fragmentation d'un supercontinent qui mena à la formation de l'Océan Iapétus. Des Grands Lacs jusqu'à Québec, la position du fleuve coïncide avec celle d'une zone géologiquement affaissée, donc propice à l'établissement d'un grand tronçon fluvial. Cette zone correspond à la formation géologique des Basses Terres du Saint-Laurent. Elles sont bordées au nord par le Bouclier canadien et au sud par les Appalaches.
Histoire d'une mer éphémère
Tel qu'on le voit aujourd'hui, le tracé exact du fleuve est cependant issu de la dernière période de glaciation continentale. Suite à la fonte des glaces et au retrait des mers de Goldwaith et de Champlain, le fleuve retrouva graduellement son lit à travers les matériaux glaciaires. À une certaine époque, le promontoire de Québec était une île entourée de deux chenaux. Le chenal nord, maintenant occupé par la Basse-Ville de Québec, s'assécha au fur et à mesure que les terres se soulevaient. Toutes les eaux de fleuve, ainsi que les courants de marée, circulent maintenant dans l'ancien chenal sud.
Libérée du glacier, mais toujours enfoncée par son poids, la région de Québec est envahie par la Mer de Champlain jusqu'à une altitude de 230m.
Québec se relève graduellement, la Mer de Champlain se retire. Les deux premiers points hauts de l'île d'Orleans émergent à une altitude d'environ 120m.
Au fur et à mesure de relèvement, la mer cède au fleuve. À une altitude d'environ 60m, plusieurs chenaux se dessinent autour des hautes terres émergées.
Aujourd'hui, le tracé du fleuve Saint-Laurent est le résultat d'une longue histoire tectonique, glaciaire et marine!
Visionner une animation (60 s) du retrait de la mer de Champlain [GIF, 474.6 kb, 500 X 320]
Une escale sur les battures
Formées à la suite du retrait des mers postglaciaires, plusieurs sections des battures qui bordent l'estuaire maritime du Saint-Laurent, notamment celles de Cap-Tormente et de Montmagny, sont occupées par de vastes accumulations de sédiments vaseux. Ces vasières interditales forment un mileu idéal pour la croissance des scirpes, une plante dont les rhyzomes constituent la nourriture essentielle des oies blanches durant leur migration.
Lorsqu'en 1608, Champlain choisit d'établir sa colonie à Québec, c'est en raison de la géographie particulière du site qui offrait de nombreux avantages. D'un point de vue stratégique, le promontoire de Québec assurait une excellente défense naturelle et l'étroitesse du fleuve permettait de contrôler de la rive le passage de tous les navires.
D'un point de vue écomomique, le fleuve constituait aussi une porte d'entrée naturelle vers l'interieur du continent, ce qui garantissait l'accès au marché de la traite des fourrures. De par sa localisation entre l'estuaire etle fleuve, Québec a longtemps été l'endroit où l'on passait de la navigation maritime aux transports fluviaux. Cette caractéristique a ainsi grandement aidé à son développement et à l'établissement d'un trafic maritime important.
Le rétrécissement soudain du fleuve a inspiré aux Amérindiens un nom qui passa à l'histoire, Québec, qui signifie 'détroit'.