La morphologie du plancher océanique aux environs de Victoria résulte de la topographie du substratum rocheux, de l'érosion glaciaire et des dépôts qui se sont produits au cours de la dernière ère glacière ainsi que des fluctuations du niveau de la mer depuis le retrait des glaciers et des perturbations dues à l'homme. L'image ci-dessus a été créée à l'aide d'un modèle numérique de terrain élaboré à partir des données bathymétriques à haute résolution provenant de sonars mono et multifaisceaux. Le rayonnement solaire simulé vient de l'ouest. Le plancher océanique présente des argiles limoneuses dans les ports d'Esquimalt et de Victoria, du sable et du limon plus au large, et une surface de graviers presque partout ailleurs. Sous ces graviers de surface, on trouve des dépôts morainiques et également de l'argile limoneuse déposés par les anciens glaciers. Des affleurements rocheux peuvent être observés là où le plancher océanique paraît rugueux, comme c'est le cas au rocher Brotchie ou à l'entrée du détroit Haro, au sud-est de l'île Discovery.
La région fait l'objet d'une utilisation intensive. Les ports d'Esquimalt et de Victoria sont des éléments importants d'un intense trafic commercial et récréatif. La flottille de la Garde côtière canadienne est amarrée au cap Ogden Point tandis que la flotte navale canadienne du Pacifique est rassemblée à Esquimalt. Ces deux ports abritent également des chantiers navals, des flottilles de pêches et des installations pour l'industrie forestière. Le dragage intense des rades portuaires, qui permet d'accueillir les navires à fort tirant d'eau, est évident sur la carte morphologique du plancher océanique. Le front de mer a lui aussi été profondément modifié par les ingénieurs pour tenter de protéger les rivages. Le front de mer de Victoria accueille deux des émissaires d'évacuation des eaux usées du District régional de la capitale, à la pointe Macauley et à la pointe Clover. Un câble à fibres optiques, installé en 1999, fait également partie des installations présente sur le plancher océanique.
L'exploration de la région à l'aide de sonars multifaisceaux a permis de découvrir des éléments uniques d'une grande valeur scientifique.
Niveau de la mer
La manipulation numérique des modèles numériques de terrain à haute résolution nous permet d'observer des éléments sous divers angles. Ci-dessous, une image en direction du sud-ouest, montre une succession de 6 marches, ou terrasses. Les spécialistes pensent que ces terrasses résultent des diminutions successives du niveau de la mer à la suite de la disparition des glaciers dans la région, entre 14 500 et 9 000 ans avant notre ère. La région a été « enfoncée » par le poids de la glace qui occupait la région au cours de la dernière ère glaciaire. Le niveau relatif de la mer y était par conséquent élevé, jusqu'à 90 m au-dessus du niveau présent. Avec la fonte des glaciers, la charge a diminué et les terres sont remontées, ce qui s'est traduit par une baisse du niveau relatif de la mer. Des éléments tels que ces terrasses nous aident à déterminer les variations du niveau de la mer. Les terrasses les plus basses datent d'entre 9 000 et 10 000 ans avant notre ère, et nous pouvons donc en déduire que le niveau de la mer se situait alors 50 m en dessous du niveau actuel. Les courbes représentant les fluctuations du niveau de la mer sont cruciales pour mieux comprendre l'impact de ces fluctuations sur une région donnée.
Port d'Esquimalt
Image de terrasses
Graphique du niveau de la mer
Émissaire d'évacuation des eaux usées
Deux émissaires d'évacuation dispersent au large la plus grande partie des eaux usées provenant du District régional de la capitale (Victoria). Ces deux canalisations sont installées sur le plancher océanique à partir des pointes Macauley et Clover (ci-dessous) et déversent respectivement environ 50 000 m3 et 70 000 m3 d'eau usée par jour dans la mer.
Carte du fond marin
Emplacement de l'exutoire des eaux usées
Emplacement du tuyau d'évacuation
Malgré ces déversements substantiels, on ne trouve que peu de signe de pollution dans les eaux voisines. De puissants courants de marée et d'estuaire, dont la vitesse peut dépasser le mètre par seconde, contribuent en effet à renouveler l'eau quotidiennement dans le Juan de Fuca.
Dunes de sable
Les dunes de sable sous-marines observées à cet endroit font partie des plus grandes jamais découvertes sur la planète. Elles peuvent atteindre 25 m de haut, 300 m de long, 1 200 m de large et contenir 26 millions de mètres cubes de sable et de graviers fins. Elles se sont formées de la même façon que se forment les rides de courant qui nécessitent la présence de forts courants (> 2,5 km/h). Les courants océaniques dans l'est du détroit de Juan de Fuca résultent de la combinaison de courants de marée et de courants estuariens. Les courants de marée résultent eux-même de l'action de composantes diurnes (1 cycle par 25 heures) et semi-diurne (2 cycles par 25 heures), ce qui provoque deux jusants et deux flux chaque jour, avec des vitesses différentes. Sur les courants de marée, qui alternent rapidement, viennent se juxtaposer les courants estuariens plus persistants créés par la charge hydraulique du Fraser qui pénètre dans le détroit de Georgia près de Vancouver. Au large de Victoria, la vitesse des courants de fonds combinés peut facilement dépasser 3,6 km/h à marée montante et descendante, ce qui suffit à éroder et à transporter le sable et le gravier qui forment les dunes.