La plupart des édifices historiques de Montréal sont construits d'un calcaire gris, d'apparence très uniforme, généralement désigné sous le nom de "pierre grise de Montréal". Cette roche est âgée de 450 millions d'années. Disponible près de la surface dans une grande partie de l'est de l'île, souvent sur les lieux mêmes des constructions, elle a été abondamment utilisée comme pierre à bâtir et aussi pour la fabrication de la chaux nécessaire aux travaux de maçonnerie. Vers 1850, dans le village du Coteau-Saint-Louis, plus de 2000 personnes vivaient de l'extraction de la pierre.
La gare de Windsor a été construite de 1887 à 1889 et agrandie entre 1907 et 1912 avec du calcaire provenant de Saint-François-de-Salle, sur l'île Jésus.
On trouve sur l'île de Montréal une roche très particulière : c'est une brèche formée le long de conduits volcaniques, vestige d'épisodes explosifs associés aux collines Montérégiennes. Elle forme de petites intrusions sur les îles Bizard et Cadieux et elle constitue aussi les assises de l'île Sainte-Hélène. Plusieurs bâtiments de cette île, dont le restaurant, la tour et le fort, aujourd'hui le Musée Stewart, ont été construits avec cette brèche, exploitée dans une carrière au pied du pont Jacques Cartier.
La brèche de l'île Sainte-Hélène, d'origine volcanique, ressemble à un béton naturel. C'est avec cette pierre,exploitée sur place, que les édifices historiques de l'île ont été construits. (Gracieuseté de Pierre Bédard (UQAM))
Au début du XXe siècle, les carrières de calcaire étaient surtout exploitées pour la pierre concassée. Certaines se situaient aux emplacements des parcs le Pélican et Lafond et du Jardin Botanique. Mais le grand centre d'extraction était celui de Saint-Michel. Dans les années 1960, les carrières Francon et Miron fournissaient la pierre concassée et les matériaux de construction, dont le ciment, nécessaires pour soutenir la croissance phénoménale de la ville. Leur fermeture dans les années 1980 a mis un terme à l'activité d'extraction de la pierre pratiquée dans l'île depuis les débuts de la colonie.
La reconversion des carrières Avec le temps, à mesure que les ressources s'épuisaient, l'activité d'extraction s'est déplacée vers le nord, notamment dans l'île Jésus. Par la suite, les trous béants des carrières ont été transformés en vastes dépotoirs municipaux et ce n'est qu'assez récemment qu'on les a aménagés en parcs. Parfois des quartiers sont installés sur d'anciens dépotoirs, et des problèmes de stabilité des fondations sont apparus. Les pierres qui ont servi à bâtir la ville proviennent de carrières qui existaient à l'emplacement des parcs Laurier, Père-Maquette, des Carrières et Villeray.
À Pointe-Claire, à l'ouest de Montréal, une carrière qui a fourni la pierre des piliers du pont Jacques Cartier fait maintenant partie d'un terrain de golf. À Saint-Vincent-de-Paul, sur l'île Jésus, c'est le Centre de la Nature qui a mis à profit une vaste exploitation de calcaire. Le visiteur peut y découvrir une "promenade géologique" qui lui raconte 450 millions d'années de l'histoire du continent. Et la partie la plus profonde de cette ancienne exploitation sert de bassin pour l'entraînement à la plongée.
Un exemple particulièrement intéressant est l'ancienne carrière Miron, près du boulevard Métropolitain, devenu aujourd'hui le complexe environmental Saint-Michel. Les cheminées de cette cimenterie ont longtemps servi de repère aux montréalais. Aujourd'hui elle est convertie en site d'enfouissement sanitaire. On y utilise les biogaz résultant de la décomposition des déchets enfouis pour produire de l'électricité. On y reconvertit aussi des déchets organiques pour préparer du compost que la ville étend dans ses jardins.